Un recrutement sur deux dans l’informatique vise désormais des profils liés à la sécurité des systèmes. Pourtant, les cursus universitaires classiques continuent de former nettement plus d’ingénieurs en développement logiciel que de spécialistes en cybersécurité.
Ce déséquilibre persiste alors que les entreprises peinent à répondre aux menaces croissantes et à combler les postes vacants dans la sécurité numérique. Les tensions sur le marché de l’emploi s’accentuent, poussant certains employeurs à revoir leurs critères et à investir massivement dans la formation continue.
Cybersécurité et ingénierie logicielle : deux mondes, deux besoins
Impossible désormais de confondre les deux univers. La cybersécurité s’affirme comme le rempart indispensable, protégeant systèmes informatiques, réseaux et données contre les attaques qui se multiplient. L’ingénieur cybersécurité agit souvent dans l’ombre, anticipant discrètement les failles, prêt à réagir au moindre incident. Il travaille main dans la main avec les équipes de développement logiciel, mais garde comme priorité la défense des actifs numériques. De l’autre côté, l’ingénierie logicielle se concentre sur la création, l’optimisation et l’évolution des programmes. Ici, la logique structurelle, la qualité du code et l’innovation sont au premier plan.
Pour mieux cerner la différence, voici comment se répartissent les responsabilités :
- Ingénieur cybersécurité : chargé de la prévention, de la détection et de la gestion des incidents, il protège l’ensemble du système d’information.
- Ingénieur logiciel : responsable de la conception et du développement des applications, il s’attache à la robustesse, à la performance et à l’expérience utilisateur.
Ce dialogue constant entre sécurité et développement n’a rien d’évident. Les méthodes, le rythme, la culture diffèrent. Là où l’un traque la moindre faille, l’autre cherche à déployer vite et bien. Pourtant, les lignes bougent. Intégrer la protection des données et la sécurité web dès la phase de conception logicielle s’impose progressivement. Les équipes IT orchestrent une convergence nécessaire, tandis que les écoles et universités adaptent doucement leurs cursus. Malgré tout, la pénurie de profils spécialisés en cybersécurité demeure un défi de taille. Les entreprises ne peuvent plus attendre la fin du projet pour se soucier de la sécurité : celle-ci doit être pensée dès le départ.
Pourquoi la demande explose-t-elle pour les ingénieurs cybersécurité ?
Les cyberattaques montent en puissance et bouleversent l’équilibre des organisations. Chaque incident fait peser un risque immédiat sur la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des actifs numériques. Impossible, désormais, de minimiser la menace. Les incidents de sécurité se multiplient et frappent tous les secteurs : banques, industries, services critiques. Les conséquences se chiffrent en millions d’euros, parfois en pertes d’image irréversibles.
À mesure que la société se digitalise, la dépendance aux infrastructures numériques s’accroît. Les géants comme Orange Cyberdefense, Thales Group, Airbus Defence and Space, Sopra Steria, Capgemini, OVHcloud, Dassault Systèmes, Atos, Schneider Electric étoffent leurs effectifs spécialisés. Les banques, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, AXA, Bouygues Telecom, multiplient les opportunités. Safran, Natixis, TotalEnergies, Renault Group, Amadeus IT Group proposent des alternances pour anticiper le manque de candidats.
Le rôle d’ingénieur cybersécurité ne se limite plus à la gestion de crise. Son champ d’action s’étend à la prévention, à la coordination, à la gestion globale de la sécurité. Les solutions de sécurité protègent les données, assurent la continuité de l’activité, et deviennent un levier de compétitivité. Face à la rareté des experts, les entreprises recrutent, forment et fidélisent sans relâche. La pénurie de profils qualifiés devient une véritable question de pérennité.
Missions, compétences et formations : ce qu’il faut vraiment savoir avant de se lancer
Missions et champs d’action
L’ingénieur cybersécurité se trouve au cœur du dispositif de protection des systèmes informatiques et des réseaux. Son quotidien ? Analyser les menaces, évaluer les vulnérabilités, concevoir et déployer des architectures de sécurité robustes. Il épluche les journaux d’événements, orchestre des tests de pénétration, met en place des pare-feu et des systèmes de détection d’intrusion, rédige des politiques de sécurité conformes aux réglementations. Il participe aussi à la sensibilisation et à la formation des équipes techniques.
Compétences recherchées
Voici les aptitudes que les recruteurs apprécient particulièrement :
- Solide bagage technique : cryptographie, réseaux, sécurité web, protocoles, gestion des incidents.
- Capacité d’analyse aiguisée et rigueur dans la documentation des incidents et le reporting.
- Compréhension des contraintes réglementaires et aptitude à dialoguer avec développeurs, opérationnels et managers.
Formations et parcours
Le niveau Bac +5 s’avère incontournable : master en cybersécurité, diplôme d’ingénieur, spécialisation en sécurité des systèmes d’information. Plusieurs établissements se distinguent : Institut Mines-Télécom (IMT), EPITA, CentraleSupélec, Université Paris-Saclay, Université de Rennes 1, UTT, CESI, ENSIBS. D’autres profils, issus de Bac +2/3 (BTS, BUT, licences professionnelles) rejoignent le secteur après une formation complémentaire ou une alternance. Les cursus évoluent et misent de plus en plus sur la double expertise cybersécurité / ingénierie logicielle.
Ressources et pistes concrètes pour débuter une carrière en cybersécurité
Une carrière d’ingénieur cybersécurité ouvre la porte à de nombreuses fonctions : RSSI, architecte sécurité, consultant, analyste en sécurité informatique. D’autres débouchés s’offrent à vous, comme chef de projet sécurité, pentester ou directeur sécurité informatique. Il existe aussi des spécialisations vers la forensic informatique ou la conformité réglementaire.
Les salaires témoignent de la tension du marché. Un ingénieur cybersécurité débutant démarre autour de 35 000 € à 50 000 € brut annuel ; l’expérience faisant, certains dépassent les 75 000 €, voire franchissent le cap des 100 000 € sur des postes à fort enjeu. Cette dynamique salariale concerne autant les grandes entreprises (secteurs bancaire, défense, télécoms, énergie, services numériques) que les PME et collectivités publiques.
Pour élargir vos perspectives, plusieurs métiers connexes s’offrent à l’exploration :
- Analyste sécurité
- Administrateur systèmes et réseaux
- Développeur sécurité (SecDevOps)
- Ingénieur réseau
- Consultant sécurité
- Spécialiste forensic
- Compliance officer
Polyvalence technique, curiosité pour la veille et goût pour la formation continue font la différence. Les besoins de protection des données, de sécurisation des systèmes d’information et des applications dopent la demande. Mieux vaut donc aborder, dès la formation, les procédures de sécurité et la communication adaptée aux services IT. La cybersécurité n’attend pas : elle façonne déjà l’avenir numérique, et ceux qui s’y engagent aujourd’hui deviendront les architectes de la confiance de demain.


